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le démocratisme radical, une "alternative au capitalisme" ?


--> tiré de http://patlotch.free.fr/text/1e9b5431-730.html
Le concept de  démocratisme radical vérifie chaque jour sa pertinence, alimenté concrètement par les discours qui en précisent les contours et contenus dans l'expression des leaders et militants politiques ou d'opinions, que médiatise la campagne pour le "non" au référundum sur le "Traité constitutionnel européen". Jamais à ce point  ce concept ne s'était présenté comme le juste nom d'un idéologie qui n'en a pas, et ne saurait en avoir que de 'critique', puisque ceux qui en relèvent le refoulent, ne reconnaissant  pas la croyance d'où  ils parlent -gesticulations au sein et autour de la LCR particulièrement. A qui se demanderait ce qu'est le démocratisme radical, on ne saurait trop conseiller la lecture du site Bellaciao qui présente le plus large éventail des positions dont il constitue le métissage, à travers des reprises d'interventions d'organisations politiques, syndicales, associatives... ou individuelles (dont de fortes personnalités, certaines au demeurant sympathiques :    Patrick MIGNARD ou Matt LECHIEN ...). On pourrait citer également le rappel à l'ordre anarchiste de la CNT Vignoles, qui n'entend pas que d'autres contestent sa rentrée dans le rang, aux côtés des trotskystes.

Le philosophe "libertaire" (?!) Michel ONFRAY résume et représente assez bien le nouvel élan de 'politisation' qui, à l'occasion de ce référundum à propos d'autre chose, permet d'ancrer cette idéologie comme "alternative au capitalisme" : voir, sur le site Bellaciao, Contre la servitude volontaire . Est frappante la spécificité française du démocratisme radical, que j'avais notée le 8 pluviôse an zéro (voir plus bas), qui soutient la gageure de réunir anarchisme et républicanisme autour des oripeaux du souverainisme façon Révolution française, c'est-à-dire pour simplifier avant toute rupture marxienne dans la philosophie politique, autour de la batterie de concepts "peuple, souveraineté, Etat-nation, démocratie". Ainsi donc, Onfray, cet enfant de  Georges Palante, n'aura pas mis longtemps  à mettre  en avant une conception de l'Homme et de l'individu à laquelle il n'est pas sûr qu'aurait souscrit son "maître" *. Conception peu "libertaire" (sauf à la mode social-démocrate revendiquée par Besancenot et Corcuff), particulièrement pré-marxienne (dès la critique de la philosophie du droit de Hegel), et... oh surprise... parfaitement compatible avec la pensée libérale en ses origines, avec la démocratie majoritaire  comme modalité politique adéquate au capitalisme. Je préfère de ce point de vue les alertes anti-globalisantes de Miguel BENASAYAG sur le sujet.

* La souris dandyste esthétisante de l'auteur de Traité du rebelle accouche de la montagne magique du démocratisme branché : comme quoi, même en philosophe, on ne flirte pas impunément avec le Spectacle, ce que révèle sa critique athéiste lourdingue et vieillotte de la religion (Traité d'athéologie ) : le problème est que depuis  plus d'un siècle, la moraline s'est emparée des athéismes socialisant ou communisant,  sans  avoir à envier au   prosélythisme chrétien - au fond Onfray n'assume ni Marx, ni Nietzsche.

Toujours est-il que si, sans conteste, le 'oui' au référundum sur l'Europe ramasse une bonne part de ce que le capitalisme peut compter comme soutiens politiques, le "non", sans parler, ni de sa frange d'extrême droite, ni de ses socialistes flairant le vent populaire,  ne traduit pas massivement une riposte massive au capitalisme : il traduit, à travers même la parole des plus radicaux, une adaptation au capitalisme, une relève politique cherchant la  concrétisation politique du "démocratisme radical" : un souverainisme populiste, social-démocrate libertaire, la nouvelle auberge espagnole de la relève post-mittterrandienne. Il est l'expression des limites de la politique qui, en l'occurrence, justifie le possible : un idéal du capital, une sorte de masque chez les marxi-monstres (comme on en imagine de très gentils, très moraux, très pré-marxiens, pré-nietzschéens*, pré-freudiens, et pour un bon nombre, prêts à pas grand chose pour abandonner leur posture dans le système, si ce n'est exiger des bons fonctionnaires, comme nous l'ont fait comprendre la plupart de ces  leaders reconvertis passés par le pouvoir, de Buffet à Salesse, en passant par les nouveaux arrivants associatifs dans les  Conseils généreux,  régionaux...).

* Comme quoi la politique reste en-deça de la morale.
Voir aussi LA THÉOLOGIE DE L'ALTERNATIVE 

Ecrit par , le Vendredi 28 Octobre 2005, 15:07 dans la rubrique "Actualités".
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